Une ascension rapide de Ben Nevis en Land RoverBen Nevis n’est pas l’Everest mais elle reste la plus haute montagne d’Angleterre, et bien qu’elle fut déjà gravie par des véhicules à roues, en 1963 aucun n’a été capable de faire l’aller-retour en moins de 24 heures. Pour le Scottish Area of the Land Rover Owners’ Club cela représentait un challenge, et s’était en tout cas emmener une Land Rover au sommet !
Une reconnaissance en juin 1962 a vu une Land Rover grimper les premiers 230m en 20 minutes. C’était assez. L’ascension était manifestement possible et dans un temps plus court.
Le 7 juin 1963 une équipe, constituée de membres du Scottish Land Rover Owners’ Club, et qui pour la plupart était sur la tentative de 1962, s’est rassemblé à Fort Williams avec 3 Land Rover, une 88 essence qui était préparée pour l’assaut, une 88 diesel et une 109 essence comme véhicule de soutient pour transporter le matériel de camping, qui, si le temps se gâte, sera le bien venue.
Ils ont commencé avec les trois véhicules depuis l’A.82, pendant 800m au Nord/Est de the Distillery à Lechy Bridge à 3 heures de l’après-midi, traversé un bourbier, la rivière Lundy, une petite voie de chemin de fer, et monté une pente raide d’herbes et de fougères qui mène à la première crête, tout ça sous une météo clémente.
Ils ont traversé le ruisseau Allt Coire an Lochain, le point où l’ascension de 1962 a été abandonnée, monté une pente raide et cassante de tourbe et de bruyère jusqu’au-dessous de Lochan Meall and t-Suidhe, où le matériel de camping et les deux Land Rover courts seront déposés pour la nuit.
Il était 7 heures de l’après-midi à 550m d’altitude, juste 4 heures après le départ. L’équipe est redescendue à Fort Williams avec le châssis long. A 8 heures du matin le lendemain, samedi, ils ont pris le 109 jusqu’à 335m puis à pied jusqu’au deux 88. A 10 heures ils sont repartis avec les 88 vers le lac ; à 10h20 une pause est effectuée pour dresser les tentes et changer les roues du 88 diesel. Elles étaient chargées dans le 88 essence, chaussé en 9.00X16, qui sont bien sur facultatives sur les Land Rover.
Ils ont emprunté le chemin d’Achintee, qui avait été la route suivie lors de l’ascension précédente, mais qui était impraticable pour les véhicules à cause de l’érosion. Ici les 9.00X16 ont été remplacé par des 7.50X16 qui étaient transportés à l’arrière, et la Land Rover continua sur le chemin rocailleux vers le sommet. L’adhérence était plutôt bonne, mais par endroit le chemin était très étroit, avec des virages serrés. Ce n’est pas un endroit pour l’inexactitude ou un véhicule instable, le précipice de Glen Nevis est droit et dégagé sur 900m, voir plus.
L’équipe a fait une pause pour le repas du midi car elle en avait besoin, pas les Land Rover.
Il aurait été intéressant de savoir qui était le plus effrayé, le conducteur ou l’équipe autour qui le regardait ? Vers le sommet il y avait des plaques de neige qui atteignaient parfois 1m50 d’épaisseur. La Land Rover en vint à bout après plusieurs tentatives, droit devant jusqu’à ce que la neige s’entasse sous le châssis, marche arrière, en avant toute à nouveau. A seulement trois endroits il a fallut utiliser le treuil hydraulique monté à l’avant, deux fois dans de la neige vraiment profonde et une fois pour tirer un rocher hors de la route. En fait sur toute l’ascension le treuil n’a été utilisé que cinq fois.
Le sommet fut atteint à 3 heures 30 de l’après midi juste 8 heures et 40 minutes après le départ. Ce temps exclus bien sûr l’aller-retour à Fort Williams, la pause repas, et le montage des tentes, (qui n’étaient qu’une sécurité, et qui ne furent pas utilisées), mais inclus les changements de roues.
La descente fut comparativement facile et les Land Rover étaient de retour au niveau de la mer, à quelques mètres près, à 9 heures du soir, 4h30 depuis le sommet.
Les statistiques pour l’ascension par un autre 4X4 n’allaient que jusqu’à 1130m en 1962, quelques 214m sous le sommet, mais aurait pris 15h30, et l’expédition complète aurait durée 2 ou 3 jours. Il ne fait aucun doute que pour ces Ecossais et leurs Land Rover c’était une entreprise remarquable, et qui demandait non seulement le bon véhicule, mais aussi beaucoup d’effort, de courage et de technique.
Durant les 13h10 pour l’aller-retour, la Land Rover n’utilisa que 36 litres d’essence, sans aucun problème mécanique apparent. Personne ne fit tomber de Land Rover dans le précipice, pourquoi d’après-vous ? Le voyage était très rude par moment, très gras et très rocailleux, mais c’est pour ça qu’ont été construite les Land Rover, entre autre…
Liste des membres de l’expédition où chacun à pleinement participé :
B. ANDERSON (Hawick)
A.D. BALLANTYNE (Peebles)
E. BLACKADDER (Falkirk)
A. BROOKS (West Linton)
J.S. BRUCE (Hawick)
J. FLEMING (Melrose)
W. GRIEVE (Hawick)
W. IRVINE (Hawick)
D. REID (Glasgow)
R.C. SERGEANTSON (Edinburgh)
G. STEWART (Larbert)
J. WOODWARD (Forfar)
C. WHITE (Melrose)
Propos recueillis par Stéfan « Rat Boudeur » MARLIER. Remerciements à Ernest BLACKADDER membre d’honneur et un des fondateurs du Scottish Land Rover Owners’ Club, pour m’avoir fait partager cette aventure.
Contact SLROC: Billy Phillips (secrétaire) Spire View, Birdston, Kirkintilloch, G66 1RN Tel: 0044 14 17 76 70 80